Angelo Mangiarotti
Il étudie à l’école d’Architecture et à l’Ecole Polytechnique de Milan. En 1953, il part aux Etats-Unis et plus précisément à Chicago où il enseigne à l’Institut de technologie de l’Illinois. Il fait la connaissance de Ludwig Mies van der Rohe, Frank Llyod Wright, Walter Gropius et Konrad Wachsmann. A son retour en Italie, il fonde un cabinet d’architecture avec Bruno Morassutti et fait preuve de la même originalité pour ses édifices, pour lesquels il met au point de nouveaux « systèmes de construction », que pour l’assemblage de ses meubles. En témoigne l’église Mater Misencordiae de Milan, une architecture révolutionnaire pour l’époque (1956), de béton et métal, surmontée d’une coquille de verre, restaurée en 2016.
Tout au long de sa carrière, Mangiarotti a accordé un rôle important à la recherche plastique. Il a travaillé pour de grands éditeurs comme Cassina. Mangiarotti était un designer très prolifique à qui on doit de nombreuses icônes du design comme la lampe “Lesbo” (1967), la lampe “Saffo” (1967), la table “Eros” (1971), la suspension “Spirale” (1974) et la table “Skipper” (1980).
Sa personnalité, son travail et ses créations ont fait de lui une figure remarquable du design italien. Il a réussi à appliquer son talent unique à des projets de différentes échelles, allant de l’architecture au design et, bien que partisan du fonctionnalisme rigoureux, n’a jamais négligé la poursuite de l’élégance et de la beauté dans son travail.
Il a dépassé les frontières conventionnelles et s’est lancé dans la sculpture avec ses réflexions habiles sur la plasticité et la forme, en utilisant toujours des matériaux et des procédés de fabrication contemporains.
Son approche et les principes sur lesquels elle repose ont toujours été le résultat d’une conscience profonde de l’importance des valeurs ayant une dimension éthique et il a créé son propre bonheur grâce à la « justesse » de sa pratique, parvenant habilement à réconcilier ce dualisme inéluctable de l’éthique et de l’esthétique.
De nombreuses œuvres de Mangiarotti sont inspirées de deux mouvements :
- Le 1er est le style architectural de la Grèce antique, que l’on retrouve dans la la forme des objets. Ainsi, il aimait donner un nom grec à ses œuvres en tant que « Eros ».
- Le 2ème est le système de fabrication et de composition des « Minka » (la vieille maison japonaise), qui se montaient sans utiliser de clous ni de vis.
C’est désormais la maison Agape, sous la marque Agapecasa, qui détient les droits d’édition du mobilier dessiné par Angelo Mangiarotti.
En effet, Agape, marque italienne spécialisée dans l’univers de la salle de bain haut-de-gamme, étend son champ d’action pour décliner poésie et sensibilité à tout l’univers de la maison et a œuvré de façon à offrir à un public averti, sa nouvelle marque, Agapecasa, qui élargit les propositions à toutes les pièces de la maison.
Agapecasa présente ainsi « Mangiarotti Collection» : une collection composée de meubles d’exception choisis dans le répertoire du designer Angelo Mangiarotti qui a marqué plusieurs générations par ses créations d’excellence, et conçus à partir de dessins et de modèles originaux du designer. Toutes les pièces de la collection « Mangiarotti » sont réalisées avec des matériaux naturels de très belle facture tels que des essences de bois massifs, des cuirs haut-de-gamme ou encore des marbres luxueux : marbre blanc de Carrare, noir Marquinia, gris Carnique, verde Alpi et Emperador dark.
Les projets menés par le Maestro à partir du début des années cinquante ont été soigneusement analysés du point de vue technique et constructif par les équipes Agapecasa, puis vérifiés et réinterprétés pour répondre aux besoins changeants de notre époque et adaptés aux normes actuelles de qualité et de résistance et aux exigences de sécurité.
La collection « Angelo Mangiarotti » se compose de 13 projets réalisés avec soin suivant les dessins d’Angelo Mangiarotti, basés sur les reliefs et l’étude des modèles originaux. Elle reproduit fidèlement certains des projets les plus célèbres du designer, tenant compte de la nécessité d’une production plus contemporaine, et introduisant de petites variations dans la fabrication, mais préservant soigneusement les aspects théoriques, compositionnels et formels d’un des grands artistes du vingtième siècle.
Parmi les pièces emblématiques, On est frappé par l’ingéniosité de la bibliothèque modulaire Cavalletto, dessinée au milieu des années 1950, née d’un élément à tréteaux en forme de V inversé, pouvant être superposé à l’envi. Ce système, breveté il y a plus d’un demi-siècle, permet de fabriquer des meubles en bois massif imbriqués sans joints, ni serrage, d’une rare élégance. La même intelligence est à l’œuvre avec les tables Eros, nées dans les années 1970 de l’encastrement d’un pied conique dans un plateau de marbre, le tout joint par la seule force de la gravité.
Pour que le piétement affleure au cœur du plateau, il est encore aujourd’hui ajusté au millimètre près, à la main.
On retrouve, dans son travail, des obsessions formelles, comme l’idée d’une vasque montée sur une colonne, de la table Eros aux lavabos de marbre.
Skilful Reflections
L’exposition Skilful Reflections présentée en association avec Agapecasa en septembre 2018, présentait les pièces emblématiques de la collection de l’architecte italien, éditées dans des marbres et bois précieux. Sous la direction artistique de Camilla Benedini, elles furent joliment mises en scène notamment grâce à l’utilisation de grands miroirs reflétant le côté sculptural et la beauté des meubles, parmi lesquels ont figuré, entre autres, les tables Eros en marbre aux piètements tronc coniques encastrés dans le plateau ou encore les tables elliptiques Eccentrico avec un piètement et un plateau tenant comme en équilibre. Une échelle du temps présentait chronologiquement les créations du Maître italien, accompagnée de photos de projets et esquisses, dans ses 3 domaines d’expression : l’architecture, la sculpture et le mobilier.
« Cette exposition unique en France célèbre l’approche recherchée et contrôlée des matériaux par le designer, et témoigne de son talent dans la manipulation de matériaux traditionnels et nobles à la fois. Des créations dont la constante est la recherche de la gravité et l’équilibre des structures », conclut RBC Paris.