Aux grandes œuvres d’architecture qui portent son incomparable signature, s’associe une vaste production dans le secteur de l’ameublement, comme en témoignent également ses trois habitations milanaises, entièrement décorées «à la Ponti»: celle de via Randaccio en 1925, Casa Laporte via Brin en 1926, et la dernière via Dezza en 1957, “manifeste” de son design domestique.
Gio Ponti, promoteur du design industriel italien, propose la production en série dans l’agencement des intérieurs comme une solution “sophistiquée”, économique, “démocratique” et moderne.
Gio Ponti est diplômé en Architecture au Politecnico de Milan à la fin de la première guerre mondiale, à laquelle il participe en première ligne, ce qui lui vaudra quelques décorations sur le champs. En 1921 il épouse Giulia Vimercati, avec qui il aura quatre enfants : Lisa, Giovanna, Letizia et Giulio.
En 1927 il ouvre son agence à Milan avec l’architecte Emilio Lancia. Depuis les débuts des années 1920 jusqu’en 1938, il collabore avec la Manufacture Richard-Ginori et en renouvelle la production. En 1928 il fonde avec Gianni Mazzocchi la revue Domus. En 1933 il assume la direction artistique de Fontana Arte, un autre succès après celui obtenu avec Richard-Ginori.
Dans les années 30, il participe aux Triennales de Milan – qui proposent des expositions internationales, des conférences et évènements artistiques autour du design, de la mode, de l’architecture, du cinéma… – et s’occupe de quelques éditions au succès fulgurant.
De 1936 à 1961 il est professeur au Politecnico de Milan et en 1933 il s’associe avec Antonio Fornaroli et Eugenio Soncini, jusqu’en 1945. De cette association naîtront de grands projets, entre autres le Palais Montecatini à Milan (1936-1938) dont Ponti réalise la conception intégrale du bâtiment et des intérieurs. Puis suivront des architectures civiles, entre autres la Torre Littoria à Milan (1933), des bâtiments scolaires comme l’Ecole de Matématique à la Cité Universitaire de Rome (1934), la Faculté de Lettre et le Rectorat de l’Université de Padoue (1937), des projets résidentiels comme Casa Marmont (1934) et le «Domus» (1931-1936) à Milan.
En 1941, il abandonne la direction de Domus et fonde la revue Stile. En 1952 naît l’Agence Ponti-Fornaroli-Rosselli et en 1954 il devient cofondateur, avec Alberto Rosselli de la revue Stile Industria.
Dans les années 50, Ponti connaît «une nouvelle jeunesse» créative. Comme en témoignent le second Palais Montecatini (1951), les agencements du transatlantique «Andrea Doria» (1952), les intérieurs et la piscine de Hôtel Royal de Naples (1953), l’Institut Italien de Culture à Stockholm (1954), les villas à Caracas, Villa Planchart (1955) et Villa Areazza (1956), et à Téhéran, Villa Nemazee (1960). En 1956 il réalise son chef-d’oeuvre : la Tour Pirelli à Milan.
Dans les années 60, il se déplace en Orient où il réalise les bâtiments ministériels d’Islamadad au Pakistan (1964) et la façade des grands magasins Shui-Hing à Hong Kong (1963). De ces mêmes années l’Hôtel Parco dei Principi de Sorrente (1960) et de Rome 1964) et l’église de San Francesco (1964) et de San Carlo Borromeo (1966) à Milan.
Dans les années 70 à 80 ans, Gio Ponti réalise encore des architectures importantes comme la co-cathédrale de Tarente (1970) et le Musée de Denver (1971), puis du mobilier comme «le fauteuil au siège réduit Gabriela» de 1971.
Le projet de réédition, initié par l’éditeur de mobilier Molteni&C, a donné vie à une collection de meubles, dont quelques modèles dessinés par Ponti uniquement en pièces uniques ou en série limitée, présentée pour la première fois au Salon du Meuble de Milan de 2012, après un long processus de recherche, de sélection et d’étude des prototypes.
La collection, réalisée en collaboration avec les Archives Gio Ponti et la direction artistique de l’Agence Cerri & Associati, comprend des meubles et des accessoires dessinés par Gio Ponti entre 1935 et les années 70, qui font partie aujourd’hui de la Collection Heritage de Molteni&C. Le design et les matériaux sont conformes aux documents originaux conservés aux Archives Gio Ponti et au CSAC – Centre d’Etudes et Archives de la Communication de l’Université de Parme.
Au fil des années, de nouvelles pièces ont enrichi la collection qui comprend aujourd’hui une quinzaine de meubles dans différentes variantes.
La collection Heritage
La chaise Montecatini
Dessinée en 1935 pour le premier Palais Montecatini de Milan. Elle est réalisée entièrement en aluminium poli ou revêtue en cuir sellier.
Les chaises et fauteuils pliants D.270.1 et D.270.2
Les chaises et fauteuils pliants de la série Apta présentés en 1970 à l’occasion de l’exposition Eurodomus 3 à Milan.
Les commodes D.655.1 et D.655.2
Dessinées en plusieurs variantes entre 1952 et 1955. Elles se distinguent par les façades de tiroirs peintes à la main, avec poignées en différentes essences. La structure en bois d’orme est soutenue par des pieds en laiton satiné.
Les tables basses D.555.1 et D.555.2
D.555.1 est un modèle rond, dessiné entre 1954 et 1955. Peint à la main. D.555.2 est un modèle triangulaire, en palissandre avec pieds en laiton satiné et plateau en verre. Elle fut dessinée dans les années 50 pour l’entreprise M. Singer&Sons, l’une des plus importantes de New York.
Les bibliothèques D.357.1 et D.357.2
Dessinées entre 1956 et 1957 pour l’habitation Ponti, via Dezza à Milan. Réalisées en “multiplis” façonné revêtu d’orme.
La table D.859.1
Dessinée à l’origine par Ponti en 1959 pour l’Auditorium du Time&Life Building de New-York, la table est reproposée soit dans la version originale soit en frêne teinté noir.
Le véritable Architecte devrait tomber amoureux, pour chaque maison qu’il construit ou qu’il décore, des habitants et des habitantes.
Architecture du quotidien
L’exposition «Vivere alla Ponti» a été présentée au Lab du showroom RBC Paris, du 29 novembre 2018 au 28 février 2019.
Organisée par Francesca Molteni et Franco Raggi en collaboration avec Salvatore Licitra, les Archives Gio Ponti, l’Association des Architectes de Milan, et le Molteni Museum, l’exposition «Vivere Alla Ponti» présentait les expériences architecturales de Gio Ponti, depuis ses édifices industriels jusqu’à ses réalisations de mobilier.
Cette rétrospective a rendu hommage au maître du 20ème siècle, à sa passion pour le design d’intérieur, à son obsession du détail et sa vision de la modernité encore d’actualité aujourd’hui. Dans «Vivere alla Ponti», les projets d’architecture intérieure du maître – maisons et bureaux – reprennent vie grâce à de nombreuses photographies d’archives et dessins, dont certains inédits, réalisés au cours de sa vie.
En résonance avec l’exposition «Tutto Ponti» présentée au MAD, en 2018, RBC Paris proposait les rééditions du mobilier dessiné par Gio Ponti, et éditées chez Molteni&C, mises en scène par Francesca Molteni et Franco Raggi.
Construite comme un dialogue avec le designer, une rencontre entre l’art et l’industrie illustrée par la présentation des collections de meubles, l’exposition mettait en abyme les oeuvres architecturales, industrielles et domestiques du célèbre architecte.
Le parcours de l’exposition, sous la verrière du premier étage, retraçait ses oeuvres jusqu’à ses projets d’environnement de travail, comme les pupitres du Palazzo Montecatini à Milan, les très célèbres bureaux Pirelli, ou le mobilier de la société Vembi-Burroughs où déambulent les «pin-ups» des années 50s.
Les lieux dessinés par Gio Ponti sont pensés pour y vivre, pour le bonheur des enfants, pour le confort des employés, pour l’efficacité du travail. Ce sont de véritables endroits où l’architecture, le design intérieur et le mobilier s’intègrent avec harmonie.